- NON-ÊTRE
- NON-ÊTRENON-ÊTRELe non-être n’est pas le néant, si l’on entend par néant la simple absence d’être (l’idée de néant ne surgit qu’après coup, de façon imaginaire, comme suppression de l’être). Au sens le plus fort, le non-être est la part de négativité qui est présente dans le réel ou bien le pouvoir de négation qui appartient à l’esprit. Par réaction contre une conception de l’être pur (Parménide), Platon a découvert que l’être est pénétré de non-être: grâce à quoi peuvent s’expliquer l’altérité, le jeu des relations entre le même et l’autre , la démarche d’attribution qui permet d’affirmer qu’un sujet est ceci et n’est pas cela. Il y a ainsi une fonction logique du non-être, fondée sur une fonction ontologique (ou sur une négation intérieure à l’affirmation du réel). Les néo-platoniciens (Plotin, Proclus, Damascius) ont approfondi la notion de non-être. Ils l’ont appliquée au principe radical de la réalité. Ce principe est non-être, parce qu’il est indéterminé, indéterminable, tandis que l’être, premier dérivé du principe, est la totalité des déterminations. En exaltant la «puissance du négatif», Hegel admet à son tour une fonction du non-être; mais il pense que toutes les différences se réintègrent et s’équilibrent dans le tout du savoir absolu, couronnement de la dialectique. En professant la distinction de l’être et de l’étant, Heidegger tend, malgré son vocabulaire, à irréaliser le premier pour mieux enfermer le second dans la finitude (entre l’être heideggérien et le non-être néo-platonicien, on décèle des affinités mais non avouées, non voulues). De son côté, sous le nom de néant, Sartre prend en thème la liberté et en fait une négation de l’être. Ces notations, qui concernent la seule pensée occidentale, ne peuvent faire oublier que la pensée orientale (upani ルad, bouddhisme) met la priorité dans la méditation sur le non-être: elle encourage une visée du n’être pas qui, par renoncement lucide, serait salut et délivrance.non-êtren. m. inv. PHILO Ce qui n'a pas d'être.⇒NON-ÊTRE, subst. masc.A. —PHILOS. Absence d'être; néant. Il s'agit de savoir si l'hypothèse de l'existence du monde était pire (...) que l'hypothèse du non-être (RENAN, Feuilles dét., 1892, p.387).B. —Littér. Absence ou perte de la conscience de soi, anéantissement, mort. Il les sait [Adam et Ève] devenus sujets de la mort, susceptibles de concevoir le non-être ou la mort (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.540). Pendant quelques minutes, (...) ma seule impression, —ma seule sensation, —fut celle de la nuit et du non-être, avec la conscience de la mort (BAUDEL., Hist. extr., 1856, p.283). Un peu avant midi, Jean s'endormait. C'était une sorte de non-être, hanté par des visions confuses (LOTI, Spahi, 1881, p.69). V. extrapolation ex. de Ricoeur.Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1878. V. non-. Étymol. et Hist. Fin XIIIe-début XIVe s. non estre «le fait de ne pas être, état de ce qui n'est pas» (Le Livre du Gentil et des trois sages, trad. d'un ouvrage cat. de Raymond Lulle, éd. A. Llinarès, p.179); de nouv. 1559 [éd.] (L. LE ROY, Le Sympose de Platon, f°101 r°: toute cause est ditte faire, par laquelle lon procede de non estre à estre). Comp. de non- et de être2. Fréq. abs. littér.:139.
non-être [nɔnɛtʀ; nɔ̃-] n. m.ÉTYM. XIVe; de non, et être, n. masculin.❖♦ Philos. Fait de ne pas être, état de ce qui n'est pas. ⇒ Néant.0 Le meilleur service que l'on puisse rendre à cette bonne bête, c'est de la soulager de l'existence. Le non-être n'est pas terrible. C'est le ne-plus-être qui nous fait horreur.G. Duhamel, Scènes de la vie future, p. 100.❖CONTR. Être.
Encyclopédie Universelle. 2012.